Anorexie et mannequinat font-ils toujours la paire ?
Le mannequinat, un métier qui fait rêver ! Des filles au corps de rêve, un monde rempli de paillettes. Mais que se cache-t-il réellement derrière tout ça ?
Entre 2001 et 2012, près de 30 mannequins sont décédés avec pour cause « l’auto-destruction ». L’anorexie est une maladie psychique qui touche de nombreux mannequins. Suite aux pressions qu’exercent les agences et les marques dans le milieu, les mannequins sont mis à rude épreuve aussi bien mentalement que physiquement. Finalement, ce métier ne mettrait-il pas autant voir plus en danger l’humain qu’un autre ?
Un critère omniprésent
L’un des critères de beauté le plus connu est celui de la minceur, cela se retrouve beaucoup dans le milieu de la mode. On observe cette minceur sur les podiums, lors des défilés, dans les publicités de grandes marques, sur les réseaux sociaux… Bref, un peu partout
Mais qui impose ce critère là ? « C’est la société. Je pense que c’est clairement un problème sociétal et que le problème ne vient pas directement des marques, il vient un peu de nous. Le monde du mannequinat, c’est censé faire rêver, et je pense que le problème, c’est que la société comme elle est maintenant, n’est pas prête à voir autre chose que des filles minces sur les podiums, sur les photos« , explique Marine Dehossay, journaliste mode de « Boulette magazine ».
» La société influe sur le souci de l’apparence […]. Mais la société peut-elle, de la même façon, influer sur l’apparition d’un souci pathologique de l’apparence ? »
Jean Tignol, psychiatre et psychothérapeute
Or, on pourrait remarquer une différence dans le milieu de la publicité où la minceur n’est pas un critère essentiel. Marine Dehossay raconte que les mannequins qu’elle a interviewés dans le cadre de son article « casting, rapport au corps…confessions de mannequins liégeoises » se redirigent après un certain moment vers le milieu de la publicité, car celui-ci est beaucoup plus ouvert et plus rentable.
L’anorexie est une maladie mentale due à des troubles de l’alimentation. La personne atteinte de cette maladie lutte contre la prise de poids et se prive de manger par peur de grossir. Les anorexiques contrôlent absolument tout ce qu’ils mangent, même si la faim est présente.
Lorsqu’on parle des pressions exercées sur les mannequins, les premières personnes à qui on pense sont les agences de mannequinat. Effectivement, ce sont elles qui possèdent le mauvais rôle de l’histoire, le bonnet d’âne. Mais si on se penche un peu plus sur le sujet, on remarque que le problème ne vient pas directement des agences en elles-mêmes. Marine Dehossay explique son hypothèse : « La pression psychologique, en fait, je dirais que c’est un cercle vicieux. Je pense qu’avant tout, la pression des agences vient des marques et que la pression que les marques ont, c’est la société. Les agences mettent la pression sur les mannequins et les mannequins sont les réceptacles de tout ça. »
Des solutions efficaces ?
Aujourd’hui, plusieurs solutions ont été mises en place. En 2017 est publiée la loi mannequin, cette loi impose que les photos retouchées pour affiner ou épaissir le modèle soient signalées en mentionnant « photo retouchée » . Mais également que les mannequins présentent un certificat médical prouvant que leur état de santé est bon. Également en 2017 apparaît la charte de bien être. Cette charte a été créée suite à la prise de conscience que les mannequins n’étaient pas traités correctement. 4 dates marquent cette prise de conscience. Le 6 janvier 2016, avec la publication du livre de Victoire Maçon Dauxerre qui raconte sa terrible histoire dans le monde du mannequinat. Le 28 février 2017 avec une dénonciation d’un post Instagram du grand directeur de casting James Scully. Le 22 mars 2017 avec un appel au témoignage de mannequin lancé par le site « models.com ». Et pour finir le 18 mai 2017, le mannequin Ulrikke Hoyer aurait été supprimée du défilé Vuitton car elle aurait pris du poids.
Mais cette loi, cette charte ont-elles un réel impact sur le bien-être et la santé des mannequins ? Marine Dehossay s’exprime : « Si c’est bien pris en compte par les marques, par les mannequins , par les créateurs… cela a un impact direct sur les spectateurs qui ne voient plus de silhouettes squelettiques. Mais je ne pense pas que ça ait un impact direct sur les mannequins. »
Malheureusement, comme on le voit grâce au tweet d’Olivier Véran, cela n’est pas pris au sérieux par certaines marques. Malgré la présence de cette loi et de cette charte, des marques continuent à avoir des mannequins avec un état physique mal au point.
De plus, Marine Dehossay trouve que l’on crée des solutions trop tard… On attend que les choses deviennent virales ainsi que médiatisées pour réagir !
Une ouverture d’esprit
De nos jours, on peut remarquer que le domaine de la mode a fait des progrès en ce qui concerne la sélection des mannequins. En effet, que le mannequin soit blanc, noir, ronde ou qu’il/elle possède une caractéristique physique, chacun a sa chance d’être accepté. Actuellement, les maisons de couture sont fières de faire défiler des mannequins de beauté diverses avec leur création. Certes, on constate une grande évolution à ce niveau-là, mais il n’est pas encore présent partout dans le monde. Selon Marine Dehossay la diversité est quelque chose d’essentiel mais également obligatoire dans la vie. Il faut briser les codes et aller au-delà des critères de base.
« Lors de mes interviews, quelques noms de femmes inspirantes sont ressortis ; Winnie Harlow (atteinte de vitiligo) ou Ashley Graham (mannequin grande taille) qui inspirent les mannequins actuels et qui les encouragent à être elles-mêmes. Mais aussi en août 2019, Valentina Sampaio est devenue la première mannequin ouvertement transgenre de la marque Victoria’s Secret », exprime Marine Dehossay.
Actuellement, le monde de la mode essaie d’évoluer et de mettre en place certaines choses pour que le mannequin se sente mieux et qu’il soit en bonne santé. Des lois ont été créées, une ouverture à la diversité apparaît… Malheureusement, il reste des chats noirs qui ne prennent pas en compte tout cela. Tant que la société ne sera pas totalement en accord avec le fait qu’il faut bannir les filles maigres des podiums et laisser place à des filles en bonne santé et bien dans leur corps, l’anorexie ne disparaîtra pas du monde de la mode.
En 2016, Victoire Maçon Dauxerre, ex-mannequin, publie un livre pour expliquer l’envers du décor du monde du mannequinat. « J’ai commencé à découper ma pomme en petits morceaux pour qu’elle puisse remplir une assiette et me donner le sentiment de réellement manger un repas. J’ai répété l’opération trois fois par jour, le tout arrosé de coca light pour me remplir le ventre d’air. Les chewing-gums aussi remplissaient bien cette fonction« . Ne serait-il pas temps que les mannequins prennent du plaisir et ne se préoccupent plus de ce qu’elles peuvent manger ou non ?
Pour en savoir plus
En ce qui concerne la charte de bien d’être
Témoignage d’une ancienne mannequin
La diversité dans le milieu de la mode
Une étudiante très stressée
En première année de communication à l’ISFSC. Ayant déjà fait une année à l’IHECS, je connais déjà l’option, mais ce n’est pas pour autant que le stresse se fait moindre. Malgré la dose de stresse qui est toujours présente, j’aime ce que je fais, et j’espère que cela se voit dans mon travail.