Être en bonne santé, une histoire d’argent ?

Le dicton dit que « Un homme pauvre en bonne santé est déjà à moitié riche », mais ! En Belgique, est-ce qu’un homme pauvre sait être en bonne santé ?

L’étude réalisée par Solidaris révèle que le nombre de décès avant 65 ans est deux fois plus élevé pour les personnes issues d’un milieu précaire que celles issues d’un milieu plus aisé. En effet pour une population de 150.000 personnes, il y a 402 décès parmi les personnes les plus pauvres contre 174 décès parmi les personnes les plus riches . Comment expliquer ces inégalités de santé ?

Plus vulnérables depuis la naissance

L’inégalité sociale de santé commence déjà depuis la naissance. L’étude de Solidaris a découvert aussi que dès la naissance, le pourcentage de personnes en situation de handicap est déjà deux fois plus élevé parmi les personnes plus précaires. Plus on descend dans l’échelle sociale, plus le pourcentage de personnes en situation de handicap augmente. Les maladies chroniques sont aussi plus fréquentes et causent plus de problèmes chez les plus précaires. Le nombre de personnes portant le diabète est plus élevé dans le groupe social le plus bas. Solidaris estime qu’il y a 43 % de personnes diabétiques en plus parmi les personnes précarisées par rapport à la moyenne de la population. Les diabétiques sont donc deux fois plus nombreux chez les pauvres que chez les riches.

« Prévenir ça coûte moins cher que guérir »

Ensuite, il y a un problème de conscientisation dû au manque de prévention. En effet, le mode de vie et le comportement préventif pourraient atténuer les effets néfastes pour la santé. L’alcool, le tabac et le sucre, par exemple, sont des maladies non transmissibles qui tuent des millions de personnes dans le monde. Chaque année, 16 millions de personnes sont décédées prématurément des suites de maladies non transmissibles, faute de prévention énonce une étude de l’OMS ( L’Organisation Mondiale de la Santé). Les décès prématurés dus à des maladies non transmissibles pourraient être évités par des politiques anti-tabac, anti-alcool et en faveur d’activités sportives. Les plus pauvres, passent outre également des campagnes de dépistage, par exemple pour le cancer du sein, les femmes précarisées sont respectivement 14% moins dépistées que celles qui ont les moyens. Les campagnes de sensibilisation à la contraception ont également du mal à toucher les adolescentes dans les milieux plus défavorisés. On compte jusqu’à 7,5 fois plus de mères adolescentes parmi les plus précaires. « Prévenir ça coûte moins cher que guérir, à condition qu’on en ait les moyens » à énoncé lors d’une interview le docteur Assya Guermit .Médecin généraliste au centre de soins Santé Sans Frontière, un centre qui soigne des patients allant de la très basse classe à la classe moyenne . Selon elle les plus précaires ,certes, ne sont pas assez préventifs, mais que ça va à leur avantage de ne pas l’être .Parce que manger équilibré, faire des dépistages ou pratiquer un sport ça coûte de l’argent.

Plus de prévention médicale sauverait des millions de personnes . Pixabay Lience. Image libre de droit.

Aussi ,comme l’approuve le Dr. Guermit , il s’avère que les personnes pauvres ont tendance à avoir une certaine réticence à l’idée de se soigner ou de se faire simplement consulter. Soit ils minimisent la gravité de la douleur qu’ils ressentent et du coup ne font rien. Soit ils se réfèrent à des remèdes de grand-mère parfois plus efficaces que certains médicaments certes . Et la plupart du temps, ces personnes réticentes s’auto-consultent sur Internet via des sites « santé », qui s’annonce être une mauvaise idée pour cause de leur fiabilité négligente.

Les intellectuels vivent plus longtemps.

Plus le niveau d’étude est élevé, plus l’espérance de vie sera longue. Voici quelques chiffres : les personnes diplômées de l’enseignement supérieur de type long vivent en moyenne 3 à 5 ans de plus que les personnes sans diplôme, ces diplômés vivent en bonne santé en moyenne 18 à 25 années de plus et « seulement » un tiers des personnes diplômées sont entre surpoids contre plus de la moitié des personnes sans diplôme ou diplômées de l’enseignement primaire.

D’après le Dr. Guermit ,le fait de ne pas parler la langue du pays handicape aussi les personnes les plus précaires à accéder aux soins de santé. Un bon nombre de personnes n’ont pas accès aux soins du au fait qu’ils ne sont pas en ordre administrativement. Un système d’aide appelé le kit de communication a été inventé par la mission handicap de l’AP-HP et mis à disposition dans certains hôpitaux français qui ne devrait pas tarder à arriver chez nous en Belgique :

Le kit de communication visant à aider les personnes ne parlant pas la langue du pays

Les différences de conditions de vie entre les riches et les pauvres ? (En chiffres)

 « Les individus les plus avantagés du point de vue socio-économique ont par exemple un meilleur accès aux soins de santé, aux services de prévention, aux installations sportives, à une alimentation saine ou une meilleure salubrité des milieux locaux de vie comme le quartier, l’école, le travail ou le logement » énonce la recherche TAHIB (Tackling Health Inequalities in Belgium)

Les chercheurs ont aussi remarqué que le stress généré par des « situations sociales hostiles » peut se traduire par une plus grande consommation de produits néfastes pour la santé, comme le tabac par exemple. Mais aussi et surtout le stress en lui-même a des effets pathogènes et cause une plus grande vulnérabilité à la maladie de façon générale.

« Moins tu es riche moins tu paieras pour ta santé »

De plus en plus de centres d’aide sont créés pour les personnes en difficulté. Les maisons médicales où les soins sont gratuits, les centres de soins de santé et le CPAS par exemple, sont des aides spécialement dédiées pour les personnes précaires. « Et c’est là que l’on remarque qu’au final les personnes précaires ne sont pas plus dérangées financièrement que la classe juste au dessus «  énonce le Dr.Guermit pour expliquer ce qu’elle entend par « Moins tu es riche moins tu paieras pour ta santé ».

Finalement, les inégalités de santé ne s’expliquent pas seulement par les ressources financières mais sont associées à d’autres facteurs liés aux inégalités. Si l’on veut réduire les inégalités de santé, c’est donc aussi aux causes de la pauvreté elle-même qu’il faut s’attaquer.

Pour en savoir plus


Laura Maron (18). Jeune étudiante en communication. S’est récemment lancée dans la rédaction.

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