Sans-papiers , une santé délaissée
L’accès aux soins de santé pour une personne sans-papiers est compliqué. C’est un chemin semé d’embûches pour y accéder de manière régulière et correcte.
En Belgique les personnes sans-papiers vivent dans un climat difficile. Leurs conditions sanitaires sont déplorables, ce qui affecte considérablement leur santé. En effet un sans-papiers n’aura pas facilement recours aux soins médicaux, mais préférera attendre d’être gravement malade avant de faire appel aux soins de santé. Qu’est-ce qui motive ces personnes à attendre si longtemps ? Est-ce une question de procédure ? De discrimination? De relations? Ou autre? Il ne s’agit pas que de ça.
Attendre de mourir pour se soigner
Attendre de mourir pour se soigner, une vérité qui blesse.
En effet ,ces personnes vivant clandestinement ne vont généralement qu’en consultation lorsque c’est très grave. Ils ne peuvent comme tout le monde se rendre régulièrement chez le médecin quand ils ne vont pas bien. Les soins de santé qui leur sont octroyés sont bien difficiles à avoir, alors ils n’entreprennent les démarches que lorsque leurs états se détériorent.
Etre sans-papiers, c’est être discriminé
Vivre en tant que sans-papiers, est le fait de ne plus avoir ou n’avoir jamais eu de titre de séjour légal. Ne possédant aucun document d’identité, étant en irrégularité dans le pays dans lequel la personne se trouve, c’est être inexistant aux yeux de l’Etat. Très souvent ces personnes sont discriminées dans tous les domaines quels qu’ils soient. Ils ne peuvent se projeter car ils n’ont rien. Ils vivent dans le secret, dans les zones d’ombres sans aucun droit et aucune protection qui leur permettraient de vivre paisiblement. Ils vivent au jour le jour. Ils ne peuvent donc avoir accès à toutes les ressources qu’offre la Belgique de manière convenable. Cela même en ce qui concerne leur santé.
L’aide médicale urgente est malgré tout présente
L’aide médicale urgente est une aide qui peut être octroyée pour les sans papiers afin qu’ils puissent bénéficier de soins de santé. Pour obtenir cette aide, la personne doit d’abord introduire une demande au CPAS. Ce qui n’est pas une mince affaire et le délai de réponse peut être très long. A cause de tracas administratifs, cette procédure peut prendre tellement de temps qu’elle peut ne jamais voir le jour. Nombreux sont les clandestins n’arrivant pas à avoir recours à des soins de santé. Selon Stefania Marsella, les sans-papiers prennent également du temps à demander de l’aide car ils ont peur d’être expulser. Quand la situation devient trop grave certains décident par conséquent de passer par les urgences. Ce qui est problématique car l’accès aux soins c’est pouvoir être accueilli en temps réel.
Un processus long et peu connu
La demande pour avoir accès à cette aide médicale urgente est un processus assez long et peu connu. La première étape pour une personne sans papiers est de sortir de sa zone d’ombre et de se présenter à un service pour demander de l’aide tout en étant dans la peur de se faire expulser ou renvoyer chez lui. La personne sans papier doit se rendre premièrement au CPAS afin d’introduire une demande d’aide médicale urgente. Stefania Marsella dit également que : » les CPAS ne sont pas des institutions médicales ,c’est ce qui retarde également le processus ». Une fois l’aide accordée et retenue, les institutions doivent trouver un médecin qui accepterait de soigner le/la patient(e).
Les embûches pas seulement administratives
C’est un fait , pour avoir recours aux soins de santé, les sans-papiers ont un chemin chargé d’embûches. Premièrement administratives. N’avoir aucun papier d’identification les met déjà dans l’embarras. Les difficultés linguistiques jouent elles aussi un rôle majeur dans l’inaccessibilité des soins de santé. Ces embûches sont également d’ordre social. Étant donné leur situation sociale moindre, les endroits où ces personnes vivent sont souvent insalubres, mal isolés et dévastés. Des conditions de vie médiocres qui laissent aussi penser que les sans-papiers se laissent sombrer dans ce qui donne un sentiment d’infériorité. Stefania Marsella assistante sociale en maison médicale affirme aussi que : » Il n’y a également pas de volonté politique d’automatiser ces droits d’accès aux soins ». Ce qui renvoie aux sans-papiers un sentiment de non-existence. La communication est davantage un facteur de cette problématique. Il y a réellement un maque de communication et de fluidité entre les professionnels; qu’ils soient de la santé ou du social , et les sans-papiers. Plusieurs témoignages de ces personnes vivant dans des conditions déplorables racontent qu’il y a un grand manque de considération et de respect envers eux. Des médecins qui manquent d’empathie, des assistants sociaux parfois non respectueux. Dans les cas où une aide leur est octroyée, ce n’est jamais tout beau tout rose. Il faut encore rechercher un médecin qui serait d’accord d’intervenir et de soigner dans des conditions pareilles. A savoir , être rémunéré plus tard. D’autant plus que cette demande ne dure que 3 mois , le sans-papiers est obligé de refaire une demande.
«J’ai laissé tomber, je me soignais moi-même parce que c’était trop compliqué.»
– une personne sans-papiers.
Au fond , un problème de stigmatisation
Il n’y a pas de conclusion toute faite, car le réel fond du problème ne pourra jamais faire surface au grand jour mais il y a là un lien avec les stigmatisations. La faille serait d’ordre idéologique. Si l’on accorde les soins de santé aux personnes sans-papiers, ceux-ci profiteront de la société. Il y aurait également une perte de distinction entre ceux qui ont vraiment besoin de soins de santé et ceux qui veulent simplement tirer profit de cette situation. La peur est un élément qui vient s’ajouter à toutes ces stigmatisations. « Si les personnes sans-papiers d’identification peuvent avoir des soins plus facilement, ne viendront-ils pas plus nombreux ici ? N’y aurait-il pas un afflux migratoire ? ». Toutes ces pensées sont évidemment erronées , ce sont des femmes , des enfants , des hommes qui partent de chez eux non par plaisir mais parce qu’il y a des problèmes là d’où ils viennent.
La santé des sans-papiers entendue et dénoncer
Depuis des années, plusieurs organismes se battent pour dénoncer ce fait et trouver des solutions. Selon Stefania Marsella, tout a été énuméré, détaillé et décortiqué. Notamment dans le « livre vert de l’accès aux soins en Belgique » où l’on montre tout ce qui ne va pas au niveau des soins mais cela se heurte avec les pensées d’ordre idéologique. Des manifestations ont également eu lieu pour se faire entendre et trouver des solutions pour combattre cette problématique.
Des pistes de solution , un espoir pour le futur
Cette problématique ne se réglera pas du jour au lendemain. Il faut trouver un accord , un terrain d’entente pour espérer une amélioration. L’université catholique de Louvain a émis des pistes de solution comme par exemple :
Simplifier l’enquête sociale , généraliser la carte médicale par ménage c’est à dire permettre à une famille de se faire soigner et pas seulement un membre de la famille ou encore lister de manière précise les soins que peuvent donner l’aide médicale urgente.
L’objectif pour l’université catholique de Louvain et les politiques serait d’accélérer le processus d’accès aux soins de santé et de placer la santé en priorité afin d’aider un maximum de personnes sans papiers en temps normal comme en temps de crise.
Pour en savoir +
Les liens sociaux entre professionnels et sans-papiers
Situation de vie des sans-papiers
Isabelle-Sarah Mayonga
Etudiante en 1er communication à la Haute-Ecole de L’isfsc.
Passionnée de théâtre et de mode sa devise est : « on a rien sans rien! »