Covid-19 : la crise au cœur des maisons de repos

La première vague du coronavirus a causé des ravages dans les maisons de repos. Le personnel de ce genre d’établissement s’est retrouvé parfois démuni de tout moyen. Qu’en est-il aujourd’hui ?  

Les maisons de repos au centre de l’attention d’Alain Maron
© Renard Baptiste 2020

Interrogé à ce sujet, le ministre bruxellois de la Santé Alain Maron souligne que le véritable problème de la première vague a été le manque de préparation : « Il n’y avait pas de plan d’action dans les maisons de repos consacré à ce genre de pandémie. Les plans Influenza mis à jour par le fédéral en juillet n’ont pas été suffisants, ceux-ci étant destinés principalement pour la grippe. » Après les vacances de carnaval, la découverte d’un gros cluster dans une maison de repos à Watermael-Boitsfort a été le véritable signal d’alarme du secteur déclare M.Maron.

Un manque de ressources évident

Selon lui, les manquements les plus évidents se situaient au niveau matériel. Le fait que le fédéral ait brûlé les stocks stratégiques de masques n’a pas aidé le personnel soignant. Ce qui pose problème également est le manque de formation de ceux-ci pour pouvoir prendre les mesures adéquates dans ce genre de scénario. Cependant il l’affirme, il n’y a pas de problème budgétaire à ce niveau-là. Les maisons de repos ont reçu beaucoup de matériel, des équipes de remplacement sont prêtes et le régional a maintenant un stock de réserve.

MSF a d’ailleurs été envoyé dans les différentes maisons de repos du pays, pour aider et former le personnel. L’organisation décrit, entre autres, dans son rapport publié en juillet dernier, que les principaux problèmes touchant aux ressources humaines ont inclus : un taux d’absentéisme élevé, un manque de moyens du secteur préexistant, un manque d’investissement dans les connaissances et le renforcement des compétences du personnel, une diminution marquée des visites par les médecins généralistes…

Alain Maron est globalement d’accord avec le contenu de ce rapport : « Il y a eu beaucoup de disparations de médecins généralistes, certains ont vraiment aidés en dehors de leur pratique habituelle mais d’autres ont complètement disparu et parfois même des médecins coordinateurs des maisons de repos. L’absentéisme en cascade a été un vrai problème aussi mettant le personnel restant sous tension, finissant malade ou alors avec trop de pression morale. Maintenant on oblige à ce qu’une maison de repos remplace directement une personne malade. » En revanche la situation n’a pas été la même dans toutes les maisons de repos. Il y avait des médecins coordinateurs préparés qui avaient déjà mis en place des procédures.

Et l’humain dans tout ça ?

La mortalité des patients au-delà de la moyenne ou encore le stress du personnel ont été des facteurs traumatisants pour ceux-ci durant la première vague. Il a fallu au gouvernement quelques semaines pour financer un centre d’association et ainsi mettre en place des soutiens psychologiques appropriés pour le personnel. Le ministre de la Santé se veut rassurant à ce sujet et affirme que le gouvernement continue à subventionner ces associations avec une priorité pour le personnel soignant. Au niveau du testing des procédures sont mises en place par le fédéral depuis l’été. Les cas avérés et suspects au niveau des résidents, mais aussi du personnel étaient traités. En septembre dernier l’ensemble des maisons de repos de Bruxelles ont été testées. Or, il y a une limite à cela, actuellement en Belgique la capacité maximale de test par jour est de 70 000 et il y a une priorité à tester les cas confirmés. Les protocoles ont été diminués et le personnel ne se fait donc plus traiter de manière systématique, ce qui n’est pas le cas des résidents qui représentent la partie la plus à risque de la population. Mais le personnel n’est pas pour autant laissé de côté, le fédéral a investi dans des tests rapides développés en laboratoire et ceux-ci devraient arriver durant le mois de novembre.

Un autre impact délicat de cette crise du coronavirus a été l’appel à l’aide des résidents face à la solitude suite aux mesures renforcées qui ont été prises au mois de mars. Cela a notamment engendré de nombreux cas de glissement. M. Maron l’admet cette mesure n’était pas idéale : « Cela ne les a pas protégés, le virus était déjà à l’intérieur des maisons de repos sans que l’on s’en rende compte, la fermeture n’a pas suffi et à provoqué de nombreux effets pervers dont le glissement. » Pour s’en rendre compte, il a visité les maisons de repos à Bruxelles après la première vague. Et ce qui en ressort est principalement ce point qui a traumatisé le personnel de soins. Pour remédier à cela aujourd’hui, des protocoles sont mis en place pour les laisser voir leur famille ou pratiquer certaines activités tout en limitant la propagation du virus.

Plus le droit à l’erreur

« Une telle situation ne peut pas se produire une deuxième fois« , signale Alain Maron suite au plan d’action mis en place dans les maisons de repos. Avec le matériel, les moyens budgétaires et les mesures cités plus haut accordés au secteur, la deuxième vague ne peut être aussi catastrophique que la première. On peut le constater, le personnel gère mieux le choc en ce moment. « Si ce paquet de moyens avait été disponible en février, cela ne se serait pas passé comme ça. Mais à ce moment-là ce n’était pas possible. »

Certaines maisons de repos montrent cette tendance positive. Une expérience est en cours avec l’UZ Jette et la maison de repos qui dépend du CPAS de Jette. La maison de repos accepte d’accueillir des malades de l’hôpital, car elle a assez de ressources disponibles pour les aider ! Cette pratique, appelée cohortage, n’est pas obligatoire et est propre à la capacité de chacune des résidences. À noter que seuls les patients guéris sont transférés.

Le ministre de la santé bruxellois visite régulièrement les différentes maisons de repos de la région Bruxelles-Capitale. Il est important de se rendre véritablement compte de la situation exceptionnelle de ces établissements.

Mais une contrainte reste toujours la difficulté à remplacer le personnel malade. Ce métier avec beaucoup de responsabilités est en pénurie. Cela reste la plus grosse crainte de M. Maron, mais il le dit : « Le maximum a été mis en place. Il y a aujourd’hui plus d’argent par résident qu’il n’y en a jamais eu. »


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Un étudiant… Enthousiaste

Salut ! Je m’appelle Renard Baptiste. Je suis étudiant en 1ère communication à l’ISFSC, j’ai toujours cherché à m’informer. Auparavant j’ai suivi des études de graphisme à l’INRACI et à la Haute École Francisco Ferrer. Mais étant quelqu’un de social et qui aime débattre de tout et n’importe quoi je pense avoir trouver ici ma voie !